Didactiques
Volume 1, Numéro 2, Pages 116-130
2012-12-30

Contre La Sémiotique Du Prétexte.

Auteurs : Leone Massimo .

Résumé

Résumé : Les sémioticiens sont obsédés par les textes et leur analyse. Cependant, dans lřhistoire de la sémiotique, peu de textes ont été analysés. En effet, les sémioticiens, y compris les pères de la discipline, ont plutôt transformé les textes dans des prétextes : ce qui importait dans lřanalyse nřétait pas de produire un résultat herméneutique (par exemple, changer la façon dont le sens dřun texte est reçu par une communauté) mais de démontrer la validité de la méthodologie (par exemple, rassurer une communauté, souvent composée dřautres sémioticiens, sur la solidité épistémologique dřune certaine procédure analytique). Lřarticle suggère que lřune des raisons principales pour lesquelles la sémiotique a été développée principalement comme discours méthodologique sans objet précis est que les sémioticiens ont rarement été encouragés à réfléchir sur les motivations de leurs choix pré-textuels. En outre, lřarticle soutient que si les sémioticiens veulent sřéchapper de leurs limbes méthodologiques, ils devraient arrêter de se demander (uniquement) ŕ comme ils le font de façon maniaque ŕ « comment vais-je analyser ce texte ? », et commencer de se demander, au contraire, « pourquoi vais-je analyser ce texte ? ». Plus important encore, ils devraient commencer de se poser la question : « pour qui vais-je analyser ce texte ? ». Enfin, lřarticle propose que, afin de répondre à cette dernière question de façon fructueuse, la sémiotique ne devrait pas simplement développer un (méta)niveau ultérieur de discours méthodologique sur lřanalyse sémiotique conçue en tant que procès dřénonciation mais abandonner son propre solipsisme et sřimaginer en dialogue avec la société. Le passage dřune sémiotique des prétextes à une des pré-textes signifie que le travail des sémioticiens ne devrait pas satisfaire simplement les soucis méthodologiques des autres sémioticiens, mais la soif de sens dřune communauté plus vaste. Abstract: Semioticians obsessively talk about texts and their analysis. Yet, in the history of semiotics, few texts have been analyzed. Indeed, semioticians, including the fathers of the discipline, have rather turned texts into pretexts: what mattered in their analysis was not to bring about a hermeneutic result (for instance, changing the way in which the meaning of a text is received by a community) but to demonstrate the validity of a methodology (for instance, reassuring a community, usually composed of other semioticians, about the epistemological soundness of a certain analytical procedure). The paper suggests that one of the chief reasons for which semiotics has been mainly developed as methodological discourse without precise object is that semioticians have rarely been encouraged to reflect on the rationale of their pre-textual choices. Furthermore, the paper contends that if semioticians want to escape from their methodological limbo, they should stop asking themselves (only) ŕ as they maniacally do ŕ Ŗhow am I going to analyze this text?ŗ and should start asking themselves, instead, Ŗwhy am I going to analyze this text?ŗ. More importantly, they should start wondering: Ŗfor whom am I going to analyze this text?ŗ Finally, the paper argues that, in order to fruitfully answer this last question, semiotics should not merely develop a further (meta)level of methodological discourse about semiotic analysis conceived as enunciation process but relinquish its solipsism and imagine itself as in dialogue with society. The passage from a semiotics of pretexts to a semiotics of pre-texts means that the work of semioticians should not simply satisfy the methodological worries of other semioticians, but the thirst for meaning of a larger community.

Mots clés

Sémiotique, prétexte, conte