Psychologie
Volume 25, Numéro 1, Pages 8-15
2018-11-25

Contre L’oubli : Témoignage D’une Jeune Survivante De Violences Extrêmes

Auteurs : Saadouni Messaouda .

Résumé

Plusieurs personnes qui ont survécu aux évènements traumatiques souhaiteraient oublier en espérant que l’oubli leur permettrait la guérison et la reconstruction. Cependant, il n’est pas possible d’effacer les expériences douloureuses ou réellement les oublier. L’esprit humain et le corps se rappellent et réclament la guérison. Guérir des blessures infligées par les actes de violences prennent du temps, de la persévérance et la foi qu’une personne guérira, que la vie ne sera pas toujours douloureuse et que le trauma ne définira pas toujours le sens de la vie de la personne. Judith Herman(1992) pense qu’il y a un conflit entre le désir d’oublier les évènements traumatiques et le besoin de les crier haut et fort, c’est la dialectique centrale du trauma psychique. La présente communication se propose de présenter le travail thérapeutique avec une jeune fille victime des actes terroristes de la tragédie nationale des années 1990 que la population algérienne a traversée. Notre patiente a été orientée vers le Centre d’Aide Psychosociale de Sidi Moussa par l’école à l’âge de neuf ans (09ans) pour des difficultés scolaires. Elle a été revue, à l’âge de dix-huit ans (18 ans), dans le cadre d’une recherche d’évaluation sur le devenir des victimes qui ont bénéficié d’une aide psychologique au Centre. « Hnina » nous révèle affirmativement et avec beaucoup d’insistance qu’il ne faut pas oublier ce qu’elle a enduré lors de la décennie 1990, à l’âge de quatre ans et demi, afin qu’elle puisse raconter à ses enfants ce qui s’est réellement passé en Algérie. Elle ajoute qu’il faut avoir une forte mémoire des évènements de violence pour que l’histoire ne se répète pas. Judith Herman atteste que les fantômes ne se reposent pas dans leur tombe avant que leur histoire ne soit racontée.

Mots clés

Violences, traumatismes psychique, thérapies, victimes, tragédie nationale.