Bulletin du Service Géologique de l'Algérie
Volume 8, Numéro 1, Pages 3-17
1997-06-01

Les Facteurs De Contrôle De La Sédimentation De L éventail Détritique Callovo-oxfordien Du Djebel Nador De Tiaret Sur La Marge Continentale Sud-téthysienne En Algérie Occidentale

Auteurs : Benest Michel . Elmi Serge . Ouardas Tayeb . Perriaux Jacques . Benhamou Miloud .

Résumé

Dans l avant-pays alpin d Oranie, les dépôts alternants, gréso-argileux, du Jurassique moyen et supérieur débutent par une formation à caractère prodeltaïque (connue sous le nom d’Argiles de Saïda). Cette formation, hétérochrone dans son ensemble, a été datée du Callovo-Oxfordien dans les régions les plus occidentales (Monts de Tlemcen-Rhar Roubane et de Saïda). Sa limite supérieure, plus récente vers l Est, peut atteindre le Kimméridgien inférieur dans les Monts de Nador-Chellala. Dans le Djebel Nador, la partie basale de cette série, les Grès de Sidi Saadoun (Callovien moyen ? - Oxfordien moyen),correspond à un importante décharge gréseuse caractérisée par de nombreuses coulées turbiditiques chenalisées sur un talus («slope-fans» ).Un tel matériel s’est accumulé dans le sillon intracontinental subsident pré-atlasique du Nador-Chellala soumis à des mouvements distensifs (rejeu de failles ayant découpé antérieurement le socle hercynien et sa couverture triasico-liasique suite à la différenciation très probable de blocs basculés sur la bordure sud-tellienne). Ce sillon appartient à la marge passive nordgondwanienne (en cours d’effondrement) «nourrie» par d’importants apports terrigènes, d’origine essentiellement saharienne, qui viennent perturber momentanément la sédimentation argileuse. Les données cartographiques, sédimentologiques et séquentielles sur les Grès de Sidi Saadoun (dépôts rythmiques, courants tractifs, slumps, courants turbides de faible densité etc.) font envisager un cône d épandage sous-marin, large de quelques kilomètres, sur un talus peu penté,au sein d’une zone prodeltaïque. Dans ce contexte, la logique des enchaînements sédimentaires témoigne d’un contrôle tectonique de la subsidence exagéré (Oxfordien) ou contrarié (Callovien moyen - supérieur) par des variations plus globales du niveau relatif de la mer. D’une manière plus précise, dans le sillon du Nador, l’épisode érosif compris dans l’intervalle Callovien moyen-Oxfordien inférieur (?) (= discontinuité d’extension périméditerranéenne), antérieur au dépôt de turbidites massives (et qui précède un intervalle transgressif), pourrait correspondre à un bas niveau marin relatif marqué par d'importants phénomènes d incision, à la base d’une séquence de 3ème ordre au sens de Vail. En fait, comme dans le sillon tlemcénicn, la profondeur maximale semble atteinte au cours de l’Oxfordien inférieur-moyen (phase majeure intra-oxfordienne ). Les sillons de Nador-Chellala (domaine préatlasique) et de Tlemcen ont connu jusqu’à leur comblement ou leur fermeture (au Kimméridgicn inferieur pour le premier, dès l’Oxfordien moyen ou supérieur pour le second) une évolution parallèle à celle du domaine externe tellorifain. A ce sujet, on sait notamment que des sédiments turbiditiques profonds, à caractère flysch, s’accumulaient sensiblement à la même époque (du Callovien à l’Oxfordien supérieur et peut-être au Kimméridgien) sur la bordure subsidente du sillon tello-rifain.

Mots clés

Algérie occidentale - Cône d’épandage sous-marin - Callovo-Oxfordien - Turbidites - Tectonique distensive - Subsidence - Eustatisme