Bulletin du Service Géologique de l'Algérie
Volume 9, Numéro 2, Pages 95-121
1998-12-01

Dynamique Et Contrôle De La Sédimentation Détritique De L'oxfordien Supérieur Au Kimméridgien Supérieur (zone à Acanthicum) Dans Le Cadre Paléostructural De La Plate-forme Ouest-algérienne

Auteurs : Benest Michel . Ouardas T . Perriaux J . Uselle J.-p .

Résumé

De nouveaux résultats concernant la série à dominante terrigène de l Oxfordien supérieur au Kimméridgien supérieurp. p. dans l avant-pays tellien ouest-algérien s’appuient sur différentes données sédimentologiques acquises tant sur le terrain qu’au laboratoire. En tenant compte de la place et de l’importance d’ unités carbonatées, stratigraphiquement repérées, dans l’évolution verticale des faciès, la formation des Argiles de Faïdja, dans les Monts de Nador-Chellala, a été divisée en5 séquences majeures,d’échelle hectométrique (I, II, III), limitées par des discontinuités d’extension régionale. Ce type de séquence détritique se termine par des carbonates caractérisant un milieu, soit ouvert sur la mer franche (ammonites), soit littoral, tidal, récifal ou périrécifal. La rythmicité des dépôts s’exprime également à l’échelle métrique à décamétrique par une succession de séquences fondamentales essentiellement granodécroissantes. L’évolution la plus typique est klüpfelienne. Les différentes techniques appliquées en particulier aux Grès de Bou Médine mettent l’accent sur les mécanismes de transport , l’ origine du matériel et les milieux du dépôt dans le cadre paléogéographique de l Oranie. Les caractères de la sédimentation indiquent uneplateforme marine littorale et deltaïque (le plus souvent protégée de la mer franche et soumise à l’action des courants côtiers et de marée) généralisée à l’ensemble du domaine étudié à partir du Kimméridgien inférieur (séquence III). Le matériel détritique, bien trié (d’origine très lointaine), transporté dans un système de chenaux à fond plat et probablement en tressés sur des pentes faibles, progradait vers le Nord-Est, en direction du Bassin tellien. La fréquence des remaniements éoliens ainsi que la présence, à plusieurs niveaux, de fragments de bois (provenant notamment de Gymnospermes du genre Metapodocarpoxylon), parfois abondants, indiquent la proximité méridionale de zones d’émersion prolongée (levées ou îles basses périodiquement inondées). Les principales aires nourricières devaient correspondre aux massifs anciens de l’Anti-Atlas et du Sahara constitués en partie de roches plutoniques acides. L’analyse des constituants argileux, en particulier, plaide en faveur d’ un climat à saisons alternantes, de type sec ou soudano-sahélien. Les variations spatio-temporelles des dépôts sont localement spectaculaires et témoignent de l’importance de la subsidence différentielle liée à une tectonique distensive dans l’avant-pays tellien (réactivation de failles profondes d’héritage hercynien).La dynamique relative à chaque séquence majeure permet d envisager, d une façon globale, d’abord un approfondissement dominant (dû surtout à la subsidence), puis un comblement progressif jusqu’à la production de carbonates dans des conditions de profondeur décroissante, même lorsque le milieu s’ouvre sur la mer franche. Dans le cadre paléostructural régional, la zone orientale du Nador-Chellala apparaît très subsidente avec un maximum à l’Oxfordien supérieur lorsque près de 800 m de sédiments prodeltaïques turbiditiques (séquence I) s’accumulent dans le sillon intracontinental du Nador.Quant au secteur occidental de Hassi Zerga, il atteint son plus fort taux de subsidence, plus tard,au cours du Kimméridgien inférieur et supérieur (séquence III) avec 600 m environ de sédiments littoraux ou deltaïques déposés entre les zones résistantes (horsts) de Tiffrit et de Rhar Roubane, jusqu’à la cicatrisation du sillon tlemcenien. On peut toutefois admettre que si les séquences majeures I, II, et III sont indubitablement sous contrôle tectonique, les séquences fondamentales (paraséquences de 4e ou 5e ordre au sens de Vail, ou séquences de haute fréquence) seraient davantage sous contrôle eustatique, en particulier lorsqu’elles s’achèvent par une phase carbonaiée. A ce sujet, il y a lieu d’insister sur Involution transgressive de la séquence II encadrée par les deux séquences I et III globalement régressives.Un maximum d' inondation est envisagé au Kimméridgien inférieur (sommet de la zone à Hypselocyclum et base de la zone à Divisum). A l’échelle de la plate-forme ouest-algérienne, l’environnement correspond à la partie distale d’un important complexe fluvio-deltaïque (bien caractérisé dans l’Atlas saharien occidental) dont l’un des principaux bras débouchait dans la zone de Hassi Zerga (Monts de Daïa). Notons enfin, que, du Callovien au Kimméridgien, les apports silico-clastiques d’origine sahariennne, ne parviendront pas à franchir, vers le Nord, le haut-fond pélagique de Bou Hadjar. Ce seuil (paléohorst),à sédimentation très condensée et ennoyéseulement à partir du Callovien, a séparé, au cours du Malm, un domaine septentrional peu subsident, ouvert sur la mer téthysienne (Bassin tellien s. s.), d’un vaste domaine méridional très subsident (plate-forme) jusqu’aux confins sahariens.

Mots clés

Ouest Algérien - Malm inférieur - Plate-forme littorale et deltaïque - Dynamique sédimentaire - Tectonique distensive - Eustatisme