Insaniyat
Volume 17, Numéro 2, Pages 107-124
2013-06-30

Parler… Jeunes : Pour Dire Quoi ? Retour Sur Une Enquête Menée à L’université De Mostaganem

Auteurs : Benazzouz Abdelnour .

Résumé

L’étiquette « jeune(s) » pour qualifier les productions socio-langagières du public des jeunes, ou ce que par effet de mode, l’on nomme aujourd’hui le/les parler(s) jeune(s) semble poser problème pour les spécialistes du terrain urbain (Calvet, 1994, Bulot, 2003, 2012) de par le monde, du moment où il ne s’agit pas d’une langue/langage codé au sens linguistique/grammairien de la définition, mais davantage de séquences isolées dans la langue ordinaire. Par le biais d’une investigation en terrain urbain (l’Université de Mostaganem), nous cherchons à confronter cette constatation/hypothèse à un versant des données recueillies pour tenter de comprendre où réside la spécificité de cette (nouvelle) façon de faire usage de la langue circulante ; de voir dans un second temps, quelle(s) revendication/attente sociale se dessinent derrière ce remaniement langagier tributaire exclusivement de la population jeunes, semble-il ? Les résultats obtenus confortent, en un sens, l’hypothèse formulée au départ, et pointent clairement le phénomène code-switching comme moteur, et en même temps comme procédé socio-langagier fortement connoté mis à la disposition des jeunes afin de communiquer (finalité linguistique) entre eux, mais aussi et surtout afin de marquer une forme de rejet/rupture par rapport à la langue normée telle qu’elle se pratique à l’ordinaire (finalité sociologique/identitaire). Ce dernier aspect nous renvoie indirectement à la raison même de l’existence de ce type de pratiques urbaines qui renseignent, à notre sens, sur une forme de mutation de la langue qui n’est pas sans traduire une volonté de renouveau socio-langagier pris en charge par les jeunes.

Mots clés

parler jeune; pratiques socio; langagières; urbanité; vernalisation; identité; remaniement langagier