إدارة
Volume 10, Numéro 1, Pages 267-279
2000-06-01

Les Parlements Africains à L’heure Des Transitions Démocratiques

Auteurs : Manasse Aboya Endong .

Résumé

Depuis quelques années, l’Afrique vit au rythme des mutations profondes. Dans nulle autre région du monde autant de pays n’ont, en si peu de temps, connu des changements institutionnels aussi radicaux. Nombre de ces pays sortent à peine de conflits internes qui se sont trop longtemps prolongés, ou continuent d’en souffrir. En plusieurs régions de l’Afrique, la simple survie humaine n’est pas encore assurée partout, pour atteindre un seuil acceptable de développement est un impératif urgent. La suprématie du chef de l’État est un signe distinctif des régimes politiques africains contemporains. Source d’incarnation de la nation à laquelle il s’identifie, il en est le bâtisseur et le symbole. Ce « leadership » s’extériorise par une personnalisation du pouvoir qui est d’autant mieux acceptée qu’elle trouve un enracinement psychologique populaire dans « l’aura », la mystique qui a souvent entouré les chefs en Afrique. Cela à pour conséquence d’anéantir l’expression réelle des institutions qui doit suivre le processus démocratique en cours sur le continent africain. En effet, la subordination de l’institution est une donnée constante des régimes politiques africains. Malheureusement pour qualifier les actuels changements politiques en Afrique, on met en avant le processus de démocratisation. Il est trop tôt pour dire encore s’il s’agit vraiment d’un processus de démocratisation. Mais ce qui est sûr, c’est qu’on assiste à une crise des autoritarismes : partout ils sont remis en question. Malheureusement, il ne s’agit pas d’ailleurs seulement d’une contestation de l‘autoritarisme, mais d’une crise de l’État et d’une crise du développement, les deux étant intimement liées. C’est sur ces crises que se greffe la revendication démocratique ; c’est pourquoi n ne voit pas comment on peut construire de la démocratie avec des chances de durée sans repenser et refaire l’État et ce que l’on appelle le développement. En d’autre termes l’État comme institution n’apparaît et n’existe effectivement dans une société qu’avec la dissociation intellectuelle et pratique de pouvoir organisé avec la personne de ceux qui l’exercent et cela comme exigence d’une fin supérieure qui n’est rien d’autre que l’idée de l’intérêt du corps social dans son ensemble. C’est cette dissociation qui permet de prévenir, sinon de contenir le risque de patrimonialisation du pouvoir étatique et son détournement de l’idée d’œuvre générale vers des fins strictement individuelles. Les transitions démocratiques en Afrique, n’ont malheureusement pas pu consacrer le primat de l’institution dans la vie politique. Dans ce canevas, la réalité politique ambiante a eu droit de l’institution parlementaire qui est effectivement un organe constitutionnel, mais un organe sans fonction démocratique.

Mots clés

Droit parlementaire, institution parlementaire, parlements africains, transition démocratique, libéralisation politique, Afrique noire.