إدارة
Volume 12, Numéro 1, Pages 157-175
2002-06-01

La Dimension Humaine De La Sécurité Dans Le Partenariat Euro-méditerranéen

Auteurs : Abdelwahab Biad .

Résumé

Un des problèmes cruciaux du PME est sa visibilité pour les sociétés civiles. Les déclarations d’intention insistant sur cette visibilité restent à l’état de vœux pieux. Il y a tout de même un contraste affligeant entre la mobilisation politique au Nord comme au Sud en faveur du PME et l’indifférence voir le désintérêt des sociétés civiles pour du processus qui les concerne au plus haut degré. L’absence de relais non-étatique (ONG) ou leur insignifiance prive le partenariat d’acteurs majeurs. Malgré l’existence des programmes décentralisés de coopération (Med-Campus, Med-Media, Med-Urbs) qui fonctionnent plutôt mal que bien, le PEM reste essentiellement un domaine réservé des gouvernements ou l’impératif de construction d’un espace de bon-voisina et d’échange en Méditerranée reste tributaire du jeu des intérêts étatiques et où la question des droits de l’homme est souvent sacrifiée. Il est clair que la référence dans les documents du PME à des expressions telles « en tenant compte de l’évolution de la situation dans la région Méditerranéenne » et « « lorsque les circonstances politiques le permettront » tient lieu de véritable réserve ou condition dans la mise ne œuvre des mesures visées et en particulier des droits de l’homme et de la démocratie. Dans ce contexte, on ne peut qu’être pessimiste quant au dialogue constructif sur le droit de l’homme envisagé dans le PEM. Les pays arabes en dépit de quelques ouvertures sur la question des droits de l’homme restent prisonniers d’une approche conservatrice révélant leur impuissance à renoncer à la primauté de la Charia en matière pénale et civile (code du statut personnel) et à opter pour des systèmes juridiques et institutionnels dignes d’État modernes. Plus généralement, ces pays continuent d’invoquer des impératifs de stabilité intérieure (lutte contre l’islamisme) et extérieure (conflit israélo-arabe) pour refuser de s’engager davantage dans un partenariat qu’ils craignent de ne pouvoir maîtriser du fait d’un rapport de force qui leur est défavorable tant sur le plan régional qu’international. Une revendication récurrente dans le discours arabe sur le PEM est l’exigence d’une paix juste et durable au Moyen-Orient sur la base de l’échange de territoires contre la paix. Il est clair que la violation des droits du peuple palestinien et l’occupation continue de territoires arabes par Israël au mépris des normes pertinentes du droit international constitue un obstacle majeur à la construction d’un espace de paix et de stabilité en Méditerranée. L’échec de la Conférence Euro-méditerranéenne de Malte n’a fait que confirmer ce constat pessimiste mais réaliste.

Mots clés

Droit international humain, Droits de l’homme, Conférence Euro-méditerranéenne de Barcelone de 1995, Partenariat Euro-méditerranéen, ONG.