Insaniyat
Volume 4, Numéro 2, Pages 99-108
2000-08-30

Les Zénètes Du Gourara, Leurs Saints Et L'ahellil

Auteurs : Bُellil Rachid .

Résumé

En s’appuyant sur plusieurs récits consacrés aux rapports entre des saints locaux et la pratique de l’ahellil, cet article tente une approche d’un aspect souvent méconnu des études sur la sainteté : la relation entre les agents religieux et tel ou tel aspect de la culture locale qui se trouve en contradiction avec le dogme islamique et les mœurs prônés par cette religion. Cette approche nous permet d’aborder le classique examen des relations entre sainteté et pouvoir sous un autre angle : celui de la relation quotidienne des saints avec les membres des communautés au sein desquelles ils sont établis. Bien évidemment, ces récits ne nous renseignent pas de manière objective sur ces relations et il serait erroné de les prendre pour des chroniques ; par contre, il apparaît clairement que l’imaginaire qui a alimenté leur production a puisé dans le réel. Ces récits nous intéressent en ce qu’ils nous placent au centre de la problématique relation entre les saints avec des communautés marginales éloignées des pouvoirs centraux. Dans cette situation particulière (qui fut celle de nombreuses communautés vivant à la périphérie des centres de pouvoirs), les saints jouent leur rôle de diffusion au sein de la communauté dans laquelle ils vivent de la norme dont ils sont les porteurs ; mais d’un autre côté, cette proximité avec la communauté les amène à intérioriser certaines aspects des pratiques locales. Il y a donc confrontation entre les deux modèles et l’interprétation des récits suggère l’idée que tout en étant soumis à la norme véhiculée par les saints, les communautés locales tentent de négocier un statut à leurs pratiques culturelles ancestrales. Cette négociation aboutit puisque ces pratiques perdurent même si elles ont un statut inférieur par rapport à la norme islamique.

Mots clés

Gourara; Sahara; Zénètes; Ahellil ; pratiques communautaires; mémoire collective.