الوقاية والأرغنوميا
Volume 9, Numéro 3, Pages 97-108
2015-12-20

6. L’ergotoxicologie Ou Comment Aborder Le Risque Chimique Du Point De Vue De L’activité Du Travail.

Auteurs : Mohammed-brahim Brahim .

Résumé

Les préoccupations de l’ergonomie pour les risques chimiques et la toxicologie remontent à une trentaine d’années. Delvové (1984) fait partie des premiers auteurs qui soulignent l’intérêt d’une approche, qui dans la complexité d’une situation de travail, prenne en compte les risques et les coûts réels des organismes soumis aux atmosphères toxiques. C’est probablement à Villate (1985, p. 303) que l’on doit la première mention d’« une approche ergotoxicologique » qui « implique que, dès à présent, on utilise les normes comme points de repère plutôt que des certitudes de non-danger. Elle implique que la toxicité des produits devrait être évaluée à partir de la prise en compte des carac-téristiques des travailleurs qui sont exposés, âge, sexe, ancienneté au poste de travail, antécédents médicaux et évidemment, activité de travail ». Cette approche ergotoxicologique s’est ensuite développée au milieu des années 80, dans le sillage de l’anthropotechnologie élaborée par Wisner (1997). Le point de départ de l’antropotechnologie en matière de toxicologie a été l’analyse des conditions de travail des agriculteurs dans les pays tropi¬caux. À partir de premières préoccupations principalement physiologiques en termes de pénibilité, de travail en ambiance chaude et de consommation d’énergie, Wisner a abordé l’exposition des agricul-teurs aux produits phytosanitaires. Il reprend les travaux de Silva et al. (Silva, Clemente, Da Silveira, Meireles, De Simoni, Carvalho, et al. 1980) pour poser les enjeux en matière de santé des agricul¬teurs : « Près d’une haie, un jeune homme trempait dans un seau plein de liquide orange, des seg¬ments de canne destinés à être plantés. Les vêtements du jeune homme étaient imprégnés du liquidedécouvrir dans la région une épidémie de paralysies mercurielles diagnostiquées jusqu’alors comme d’origine poliomyélitique par les médecins de famille non informés des risques du travail ». L’usage des produits phytosanitaires est alors considéré comme un exemple de transfert de technologies entre des pays et des contextes d’utilisation différents. Les travaux de Veiga et al. (Veiga Motta, Marcondès Silva, Bechara Elabras Veiga, & Velho de Castro Faria, 2006) montrent que des histoires proches de celle contée par Wisner sont toujours présentes, en particulier dans des pays qualifiés d’émergents comme le Brésil, mais pas seulement. La première approche structurée en termes d’analyse ergonomique de l’exposition des travailleurs agricoles aux pesticides est à mettre au crédit de Sznelwar dans son « Essai ergotoxicologique » (1992). Il défend alors 3 thèses : « L’organisation du travail et la stratégie d’utilisation sont des aspects fondamentaux dans • l’exposition aux biocides ; En étudiant l’activité déployée par les opérateurs aux différents postes de travail où ils exercent • pour accomplir cette tâche, nous pouvons établir une claire différenciation de l’exposition existant à chaque étape ; Les producteurs et les salariés agricoles possèdent une représentation du risque sanitaire • encouru par l’exposition aux biocides, même si les mesures d’hygiène et de protection prescrites sont difficilement respectées. Ils sont obligés d’établir certains types de compromis, en tenant compte de leur représentation du risque, des exigences de la production, des difficultés pour exécuter la tâche en question et la nécessité de conserver leur emploi et se maintenir dans la profession ». Vilatte et Sznelwar posent ainsi les premières bases théoriques de l’ergotoxicologie.

Mots clés

L’ergotoxicologie, aborder le risque chimique, l’activité du travail.