الحوار المتوسطي
Volume 2, Numéro 1, Pages 52-61
2010-03-10

Du Théâtre En Filigrane Dans Un Roman, Un Exemple De Syncrétisme D’écriture Dans ‘’un été Africain’’ De Mohammed Dib

Auteurs : Mellak Djillali .

Résumé

Un été africain, quatrième roman de Mohamed Dib paru en 1959, s’affirme comme le récit qui consacre la première période de l’écriture dibienne et parachève la vaste fresque romanesque appelée « Algérie ». Comparée aux premiers romans marquants de la première trilogiequi dénoncent d’une façon univoque la situation sociale et économique du contexte colonial de l’époque, cette œuvre charnière est entièrement portée à la lutte de libération nationale. Au delà du thème insistant et récurrent de la guerre, ce récit signifiant, qui correspond comme les précédents à une étape déterminée de l’histoire de l’Algérie, reste fortement orienté vers l’éveil de la conscience du peuple. Un été africain avance des récits brefs et autonomes, une écriture sobre et des évocations discrètes. A travers un entrecroisement de séquences et une profusion d’intrigues successives, de nombreux personnages évoluent dans des milieux différents et sont aux prises avec les évènements de la guerre . L’alternance des scènes pathétiques et des scènes de mœurs burlesques, la diversité des éléments poétiques et prosaïques, le naturel des dialogues font de ce récit une œuvre délicate. Le lecteur n’est plus devant le réalisme puissant de la trilogie, mais bien devant un réalisme psychologique que dénote la poésie du discours social référentiel. Cependant, indépendamment du déploiement de ces nombreux champs, Un été africain, propose en filigrane un autre versant, celui de la représentation scénique qui entraîne la dynamique de l’écriture romanesque dans le travail de l’expressivité théâtrale. « Il ne dépend pas de l’intention ni même du projet affirmé de l’écrivain, qu’un écrit soit pris ou reçu comme appartenant à un genre par lui choisi ». Cet alliage singulier de deux réseaux de codes, laisse entrevoir un itinéraire de lecture clivé qui ébranle les assises du texte et construit un syncrétisme signifiant. En effet, parmi ces nombreux mini-récits fragmentaires qui se feuillettent indifféremment sans aucun rapport entre eux, s’impose un texte narratif qui relève de la logique du spectacle, entièrement organisé en représentations et dans le jeu figural, impulsant une parole déportée qui traduit une atmosphère fertile en situations et dessine un paysage émotionnel.

Mots clés

théâtre en filigrane -Un été africain- Mohammed Dib-l’écriture dibienne -trilogie