مجلة التاريخ المتوسطي
Volume 2, Numéro 2, Pages 86-97
2021-01-06

Subventions étatiques Et Pauvreté Alimentaire Des Paysans Montagnards De Kabylie

Auteurs : Abdennebi-oularbi Houria .

Résumé

La politique volontariste initiée par l’Etat algérien de 1962 à 1993 affichait ses statistiques officielles qui indiquaient que la pauvreté et la malnutrition étaient complètement vaincues puisque la consommation par tête d’habitant était en constante augmentation (Kouidri,2004 :p469). Pourtant dans les monts de Kabylie, les paysans vivaient en marge du développement. Dans le village de Tala n tazart où nous avons mené des enquêtes entre 1990-2008 dans le cadre d’une recherche doctorale, nous avons noté que les subventions alimentaires que l’Etat algérien concédait aux populations à partir des années 1970 étaient absorbées par les villes et peinaient à atteindre ces populations faute de structures de distribution adéquates. Les villageois subvenaient à leurs besoins alimentaires par la culture des jardins qu’entretenaient les femmes, (Badillo, 2000 : p59) l’exode rural ayant libéré des surfaces cultivables et l’eau était puisée aux fontaines donc gratuite. Les mandats des travailleurs au sud ou dans l’émigration et les dons de particuliers enrichis à la parentèle (zakat et ucur) faisaient le reste. La crise pétrolière de 1986 générant l’explosion des prix des denrées alimentaires sur les cours mondiaux lève le voile sur la pauvreté alimentaire, question restée taboue jusqu’aux années 1990 en Algérie. A Tala n tazart, le déclin de la culture des jardins, la tarification des eaux, le changement des modes alimentaires durant les années 1980 et la flambée des cours des denrées alimentaires réduisant le rôle de l’Etat en termes de subventions alimentaires mettent à nu l’état de paupérisation et la marginalisation des paysans de montagne. Une politique d’ajustement structurel est entreprise dans le pays. Le fonds monétaire international procède en 1997 avec l’aide de la banque mondiale à des enquêtes sur la consommation des ménages en Algérie. Ces enquêtes montrent que 30/° des ruraux sont pauvres en Algérie contre 15/° d’urbains. 71/° des dépenses des ménages sont consacrés à l’alimentation. La pauvreté alimentaire est prégnante en milieu rural plus que dans les villes qui bénéficient des aides de l’Etat. (Kouidri,2004 :p483). Nous allons voir sur la base d’entretiens semi-directifs, d’observations participantes, de la consultation du cahier de comptes de l’épicier du village tenu entre 1960-1989 quand et comment s’est amorcée la transition alimentaire dans ce village ? Comment subventions aux prix des denrées de base et dons alimentaires de particuliers (impôts coraniques) se conjuguaient en contribuant à assurer la sécurité alimentaire ? Dans quelle mesure, la culture des jardins, occupation féminine qui échappe aux statistiques officielles maintenait la sécurité alimentaire ? Abstract ; Title :State subsidies and food poverty for mountain peasants in Kabylia’Algeria). Key-words : Tala n tazart (Kabylia),mountain peasants, food subsidies of the state,food donations(zakat and ucur), food security. The proactive policy initiated by the Algerian state from 1962 to 1993 posted its official statistics which indicated that poverty and malnutrition were completely overcome since consumption per capita was constantly increasing. Yet in the mountains of Kabylia, the peasants lived on the fringes of development. In the village of Tala n tazart where we conducted surveys between 1990-2008 as part of a doctoral research, we noted that the food subsidies that the Algerian state granted to populations from the 1970s were absorbed by cities and struggled to reach these populations for lack of adequate distribution structures. Because the rural exodus freed up cultivable areas and the water drawn from the fountains being free, the villagers provided for their food needs by cultivating the gardens which the women maintained. The mandates of workers in the south or in emigration and the donations of wealthy individuals for relatives (zakat and ucur) did the rest. The 1986 oil crisis, which caused food prices to explode on world prices, lifted the veil on food poverty, an issue that remained taboo until the 1990s in Algeria. In Tala n tazart, the decline of garden cultivation, the pricing of water, the change in food methods during the 1980s and the surge in food prices reducing the role of the State in terms of food subsidies reveal the state of impoverishment and the marginalization of mountain farmers. A structural adjustment policy is being undertaken in the country. The International Monetary Fund carried out surveys on household consumption in Algeria in 1997 with the help of the World Bank. These surveys show that 30% of rural people are poor in Algeria against 15% of urban residents. 71% of household expenditure is devoted to food. Food poverty is more prevalent in rural areas than in cities that receive state aid. We will see on the basis of semi-structured interviews, participant observations, consultation of the account book of the village grocer held between 1960-1989 when and how did the food transition begin in this village? How could subsidies for basic food prices and food donations from individuals (Koranic taxes) combine to help ensure food security? To what extent, the cultivation of gardens, a female occupation that escapes official statistics, maintained food security?

Mots clés

Tala n tazart