Bulletin du Service Géologique de l'Algérie
Volume 22, Numéro 3, Pages 315-336
2011-10-01

Tectonique Varisque Dans Le Substratum Paléozoïque Du Djurdjura Et Conséquences Sur L'âge Du Métamorphisme Du Socle Kabyle

Auteurs : Naak Farida . Kesraoui Mokrane . Naak Mohamed .

Résumé

Le Djurdjura ou «dorsale de Grande Kabylie» est un segment de paléomarge téthysienne et sud kabyle déformée au Tertiaire par la collision alpine entre les cratons africain au sud et européen au nord. Les unités internes de cette chaîne sont regroupées sous le vocable de «dorsale interne» (Durand Delga, 1969). Elles sont à séries de couverture marine, mésocénozoïque. Elles montrent leur liaison originelle avec le substratum anté-triasique, aspect marquant la transgression téthysienne au Lias du sud vers le nord sur ces formations paléozoïques. Ces dernières recouvrent elles-mêmes des schistes métamorphiques en infrastructure. La dorsale interne est donc une zone privilégiée montrant une superposition et une histoire relativement complète où l’on reconnaît un vieux socle recouvert par descouvertures d’abord paléozoïque puis méso-cénozoïque. L’objectif essentiel de cette note est la mise en évidence d’une tectonique hercynienne relativement précoce, matérialisée par une coupure nette entre le Dévonien calcaro-schisteux clairement raviné par un Carbonifère conglomératique puis gréso-pélitique. Cette discordance scelle ainsi , une déformation suivie d’une érosion affectant le domaine kabyle au passageDévonien-Carbonifère. Le Dévonien supérieur n’étant pas caractérisé avec certitude en Grande Kabylie, on peut raisonnablement attribuer cet âge à la première compression cette fois calée entre le Carbonifère basal et le Dévonien moyen. Cette phase a plissé le domaine kabyle avant le Carbonifère qui scelle au moins une déformation plicative et schistogène. Cet événement tectonique est suivi de la surrection et de l’érosion du soubassement constitué d’un socle et d’une couverture sédimentaire ordovicienne, silurienne et du Dévonien inférieur-moyen. En plus d’éléments remaniés provenant du Paléozoïque lui-même (calcaires dévoniens, granites peuschistosés et autres débris de schistes peu métamorphiques), on y reconnaît d’autres éléments déformés dans un contexte ductile plus contrasté et empreintés au substratum kabyle. Cette observation permet d’exclure toute idée de métamorphisme des socles kabyles postérieur à la déformation de la phase bretonne, en réponse à l’âge alpin suggéré par certains auteurs dont A.Saadallah (1992). La phase bretonne ne serait-elle pas alors responsable de ce métamorphisme au moins en partie ? On retrouve ainsi en Grande Kabylie les indices de cette tectonique hercynienne pré- coce attribuée à la « phase bretonne » auparavant signalée par J.P. Gélard (1979, p. 257) et qui a été reconnue en Petite Kabylie (Bouillin et Perret, 1982) et dans la chaîne varisque d’Europe, du Rif et des Mésetas marocaines (Matte, 1986; Chalouan et Michard, 1990). La tectonique hercynienne a développé des «shear-zones » associées à la mise en place de granitoïdes syn- à tardi-orogéniques. La schear zone du Djurdjura pourrait-être du même type que l’accident de Sidi Ali Bounab (Bossière, 1980), quoiqu’elle ait été intensément reprise dans un nouveau contexte de shear-zone alpine. Les granitoïdes impliqués dans l’accident mylonitique du Djurdjura montrent certains caractères de granites associés aux zones de cisaillements : foliation généralement parallèle à la zone d’accident, déformation ductile croissante des bordures vers l’axe. En attendant de dater précisément ces roches d’origine magmatique, il est suggéré que leur mise en place soit étroitement liée à cette première phase, pour nous majeure, de plissement varisque objet de cette note.

Mots clés

Hercynien - Discordance - Phase bretonne - Paléozoïque - Granites syntectoniquesMétamorphisme - Dorsale interne - Djurdjura